Les éléments publiés ci-dessous ne constituent pas un conseil en investissement mais un simple partage, à titre informatif d'une thèse d'investissement que j'ai moi-même appliqué ou que j'envisage d'appliquer. Chaque lecteur doit se forger sa propre opinion sur les éléments présentés et effectuer ses propres recherches.
iShares, mieux connu sous le nom de Blackrock, a lancé fin 2016 une gamme d'ETF "méga-tendances". Selon eux, ces "méga-tendances" permettent d’identifier
des titres bien positionnés et de
construire des portefeuilles offrant une exposition sur les thèmes les plus rémunérateurs à long terme.
Les "méga-tendances" alors identifiées étaient le vieillissement de la population, l’innovation en matière de soins de santé, la numérisation, ainsi que l’automatisation et la robotique.
La structure des "méga-tendances" selon Blackrock- iShares Smart City Infrastructure UCITS ETF USD Acc CITY
La particularité de chacun de ces ETF est qu'ils suivent un indice spécialement créé par STOXX, qui a vocation à refléter la méga-tendance identifiée par Blackrock.
Quels sont les caractéristiques de ces ETF ?
Tous ses ETF sont capitalisants (ils ne distribuent pas de dividendes mais les réinvestissent) et sont à réplication physique (ce que préfèrent certains investisseurs). Ils supportent tous des frais de gestion annuels de 0,4 %.
Pour investisseur français, des frais de 0,4 % peuvent être vus comme faible ou, en tous les cas, normaux. Or, il faut savoir que ce sont des frais relativement élevés car les ETF dits "core" de chez iShares ont des frais de l'ordre de 0,1 à 0,2 %, voire moins (l'ETF core SP500 a des frais de gestion annuels de 0,07 %). Pour les émetteurs d'ETF, proposer des produits spécialisés, axés sur des thématiques qui se veulent rémunératrices, leur permet de justifier une augmentation des frais perçus.
John C. Bogle, le concepteur des fonds indiciels, expose lui-même ce biais dans son excellent ouvrage Le petit livre pour investir avec bon sens :
"L'investissement indiciel devient un domaine concurrentiel. Les plus grands gestionnaires indiciels de fonds classiques sont engagés dans une guerre des prix féroces. (...) Elle réduit drastiquement les bénéfices des gestionnaires de fonds indiciels (...). Comment les créateurs de fonds tirent-ils avantage des attributs évidents qui sous-tendent le succès du fond indiciel traditionnel ? Tout simplement en créant de nouveaux indices ! Ensuite, ils affirment qu'ils réussiront continuellement à battre l'ensemble des indices du marché qui ont jusqu'ici défini notre vision de l'investissement indiciel. Naturellement, ils font payer des frais plus élevés en échange ce potentiel de rendement plus élevé".
Vous pourriez vous dire que 0,3 % de frais par an de plus représente une somme dérisoire. Pris isolément oui. Mais en prenant en compte la magie des intérêts composés, le résultat est tout autre. Ainsi, sur 20 ans, un capital de départ de 150 000 €, avec une performance de 10 % par an, permet de dépasser le million d'euros avec une jolie somme de 1 009 124 euros, tandis qu'avec une performance de 9,7 % (nos 0,3% de frais de gestion annuels supplémentaires supportés par l'ETF), cette somme serait de 955 484 euros, soit une différence de 53 640 € ! Impressionnant non ?
Quelle est la notation et la performance de ces ETF ?
Les éléments de notation suivant font référence aux sites internet Morningstar.com et Quantalys.com, qui sont les deux acteurs de référence en matière de notation des fonds actions et indiciels.
L'ETF iShares Ageing Population a une notation de 3/5 sur Morningstar et de 2/5 sur Quantalys. Depuis sa création, il sousperforme très clairement ses indices de référence. Depuis trois ans, sa performance est de 18,43 % contre 30,79 % pour l'indice de référence !
Il se compose à 50 % d'actions sur le secteur de la santé, ce qui apparaît plutôt logique, mais également de 40 % d'actions du secteur financier, ce qui peut expliquer cette maigre performance.
L'ETF iShares Digitalisation a une notation de 3/5 sur Morningstar et de 2/5 sur Quantalys. Depuis sa création, il sousperformance également ses indices de référence. Depuis trois ans, sa performance est de 63,78 % contre 96,18 pour l'indice de référence.
Il présente le mérite, contrairement au Nasdaq, d'être diversifié géographiquement. Ainsi, il se compose de 65 % d'actions américaines, 10 % européennes, 6 % du Japon, 4 % d'Asie (développée) et 3 % d'Australasie.
Néanmoins, d'autres solutions plus simples et finalement plus performantes existent pour profiter de la croissance issue des nouvelles technologies. Ainsi, le simple ETF de chez Lyxor MSCI World Information Technology (LU053303366) a eu une performance sur 3 ans de 96 %, semblable à l'indice de référence, tout en supportant moins de frais (0,3 %) et en étant également diversifié géographiquement.
L'ETF iShares Healthcare Innovation apparaît aujourd'hui comme étant le meilleur des ETF examinés dans cet article. Il a obtenu une notation de 5/5 par Morningstar et de 4/5 par Quantalys. Il surperforme ses indices de références. Depuis trois ans, sa performance a été de 63,14 % contre 40,83 % pour l'indice.
Cette surperformance s'explique par la focalisation de l'ETF sur des valeurs moyennes à fort potentiel de croissance. Cela est clairement visible lorsqu'on examine les caractéristiques des actions détenues : par exemple, le ratio cours/bénéfice de l'ETF est de 28 (!) contre 17,1 pour l'indice. Si cette stratégie s'est avérée payante dans le contexte actuel de taux bas et de survalorisation générale des valeurs de croissance, elle expose à une forte volatilité et à un retournement de marché hypothétique. Le choix de cet ETF nécessite donc de disposer d'un horizon d'investissement très long.
Une solution médiane, pour investir sur les valeurs de la santé à moindre frais (et, par la même occasion, sur le secteur du vieillissement car ce sont généralement les mêmes valeurs) peut être d'acquérir l'ETF Lyxor MSCI World Health Care (LU0533033238), qui a des frais de 0,3 % et colle parfaitement à l'indice (MSCI Daily TR World Net Health Care), avec une performance de 40,23 % en trois ans.
L'ETF iShares Smart City Infrastructure ne peut être analysé car il est de création toute récente (3 mars 2020). Jusqu'alors ses performances sont très bonnes mais ne sont pas représentatives. L'encours est faible (88 M€). Il est assez diversifié, dans les secteurs de l'industrie (38 %), de la technologie (30 %) et de l'immobilier (24 %), de même que géographiquement. Il présente la particularité de comporter surtout des valeurs petites (24 %) et moyennes (49 %). A noter également la présence de micro valeurs (7 %). C'est un positionnement assez différent de la plupart des ETF. A ce stade, le choix de cet ETF présentera la nature d'un pari, qui peut s'avérer gagnant, ou non.
En guise de conclusion :
Il est important pour un investisseur individuel de ne pas de laisser excessivement séduire par des titres accrocheurs ("méga-tendances", "innovators", etc.). Certes, derrière ces instruments financiers peuvent se trouver de véritables tendances génératrices de rendement à long terme. Néanmoins, des véhicules peuvent déjà exister pour investir sur ces tendances, généralement moins chargés en frais car moins "marketés".
Enfin, n'oubliez pas que faire le choix d'investir sur une tendance, c'est faire un pari sur la pertinence de cette tendance et sur les croissances bénéficiaires des entreprises du secteur. Comme tout pari, l’espérance de gains peut être forte ou nulle.